Sommes-nous capables de laisser notre enfant s’ennuyer ? Sa petite rengaine « je m’ennuie » ne nous replonge-t-elle pas invariablement dans nos angoisses existentielles et nos peurs du vide vécues au même âge ? En parents bien attentionnés, bien décidés à ne pas le laisser souffrir, ne lui trouvons-nous pas rapidement une activité pour combler et lui éviter cette si essentielle angoisse ?
Dès lors nous sommes coupables, coupables d’étouffer sa créativité dans l’œuf…
L’ennui vécu dans la durée permettrait un certain recul sur les affaires courantes. Lorsqu’il s’ennuye suffisamment longtemps l’enfant recourt à toute son imagination en s’appuyant sur ses désirs propres. Pour sortir de cet ennui grandissant il est capable de déplacer des montagnes. Il finit par trouver seul comment sortir de la sensation désagréable. Seul. A sa manière. Il développe sa singularité. Il apprend à se différencier pour autant qu’on le laisse faire. Il trouve des solutions auxquelles il n’aurait jamais eu accès si ses parents aimants étaient intervenus pour lui éviter cette peine. Il explore. Il invente. Il crée. Il donne à voir au monde qui il est. Il ex-iste et en ressort grandit.
Finalement n’est-ce pas rassurant de savoir qu’il peut se débrouiller seul ? Serons-nous capables de le laisser faire ? de le laisser faire à sa manière ?