« Aïe maman j’ai mal… » mais non tu n’as pas mal… » Reconnaître la douleur d’un enfant ce n’est pas facile pour tout le monde. C’est un saut dans la chair qui se passe d’intellectualisation. La douleur se vit, se sent… elle nous réveille, focalise notre attention… Rationnaliser la douleur, c’est nier son être, le message vivant du corps.
Quand l’enfant a mal que ressent le parent ? A-t-il peur ? Va-t-il nier l’expérience douloureuse de son enfant pour s’éviter d’en ressentir l’écho? Accueillir la douleur, c’est accepter qu’elle soit là et, oui, que cela fasse mal et que peut-être, en tout ou en partie, nous ne pourrons pas lui éviter ce mal. Le pire pour un parent n’est-il pas de regarder souffrir son enfant ? de se sentir impuissant ?
Le déni nous épargne un temps ce contact avec la douleur. « A-t-il vraiment mal ? Ce n’est qu’une petite éraflure ? » Qu’importe finalement si le mal est réel ou non, son expression fait office de message… c’est vers vous qu’il se tourne, c’est vous qu’il vient chercher, c’est à vous qu’il adresse ce message.
Alors comment réagirez-vous ? Allez-vous nier son ressenti ? « Mais non une petite éraflure comme ça, ça ne peut pas faire mal ! » « Un grand garçon comme toi ça ne pleure pas quand même » voir « mais non tu n’as pas mal »…
De se sentir écouté, accueilli, reconnu dans sa douleur permet déjà d’en guérir une bonne partie… et souvent de voir ce premier symptôme comme un message permet d’arriver sur autre chose qui a « fait mal » pendant la journée (une dispute dans la cour, la perte de sa boîte à tartine, l’échec d’un devoir…). et qui n’a pas pu être exprimé car il a bien appris à se tenir à l’école.
Votre enfant n’a pas l’intention de vous nuire, au contraire il ferait tout pour recevoir votre amour (même s’il déploit parfois des stratégies inadaptées…).
Il vient vous chercher parce que vous êtes sa base, sa source de sécurité, sa protection… Alors la prochaine fois qu’il viendra vous sortir de votre occupation avec son « insurmontable douleur soudaine et inexpliquée« , prenez le temps, écoutez-le au-delà des mots et sortez le petit sparadrap mickey (même si pour vous c’est gaspiller et que « cela n’en vaut vraiment pas la peine » car oui, la relation avec votre enfant en vaut la peine), la crème magique et la main aimante qui fera le petit massage du ventre, les fameuses béquilles (carrément pas orthopédiquement nécessaires, même confirmé par la radio et le médecin) qui lui feront passer une semaine sous les feux de la rampe à l’école… mais surtout le temps de cet échange, laissez vos préoccupations et vos peurs au vestiaire ou chez votre thérapeute, ouvrez votre cœur aimant, respirez calmement et ralentissez votre rythme cardiaque, et vous verrez que bientôt tous ces petits symptômes disparaîtront d’eux-mêmes…
Et si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à vous faire aider. Devenir parent ce n’est pas que faire un enfant, c’est aussi prendre conscience de ce que nous avons ou n’avons pas reçu et de ce que nous sommes capables ou non de donner…